samedi 2 mars 2019

Qui êtes-vous ?



Qui êtes-vous? Qui suis-je?

FreeImages.com / Cécile Geng


La question paraît ou bien stupide et posée dans un moment de délire (certaines substances aidant...),
ou bien profondément mystérieuse, et par conséquent réservé à quelques érudits spéculatifs.

Mais ces deux alternatives sont dictées par le troupeau. 
Oui, c'est le troupeau qui nous enferme dans ce préjugé : qu'il n'y aurait pas d'autre place dans le débat de l'identité que la blague goguenarde ou les travaux philosophiques de haute voltige.

Dans cet article, vous allez découvrir que non, ce n'est pas le cas!
On peut briser cette alternative grégaire et aborder réellement la question philosophique de l'identité.



Partons du texte "Faute" du philosophe Michel Serres, parut le jeudi 19 novembre 2009 dans Libération. - pas de préjugé politique s'il vous plaît.

Vous pouvez trouver l'article en ligne sur le site du journal : https://www.liberation.fr/societe/2009/11/19/faute_594497

Michel Serres commence ainsi : 

"Serres est marqué sur ma carte d’identité. Voilà un nom de montagne, comme Sierra en espagnol ou Serra en portugais ; mille personnes s’appellent ainsi, au moins dans trois pays. Quant à Michel, une population plus nombreuse porte ce prénom. Je connais pas mal de Michel Serres : j’appartiens à ce groupe, comme à celui des gens qui sont nés en Lot-et-Garonne."

Il s'agit bien là de constats insipides et inutiles, comme on peut toujours s'y attendre en philosophie.
Mais Michel Serres en tire une conclusion. Ou plutôt, ces constats minables dont personne de normalement constitué n'aurait l'idée de formuler, le conduisent à émettre l'idée suivante.

"sur ma carte d’identité, rien ne dit mon identité, mais plusieurs appartenances."

Nous voilà ainsi sur le sujet de l'identité.
Et ce que nous dit Michel Serres est une mise en garde.
Mise en garde contre l'erreur fréquente consistant à confondre identité et appartenance.

Je ne suis pas Blacksheep.
Mais : j'appartiens au groupe de gens asociaux et peu fréquentables, qui utilise le pseudo Blacksheep pour tenir à jour un blog.

Vous n'êtes pas un lecteur fidèle de The Black Sheep le Blog (c'est quoi?), mais vous appartenez à cette catégorie de personnes. Non? Zut alors... 


Bon, jusque là n'est-ce pas peccadille de philosophard ?
Après tout, vous pourrez bien faire remarquer à ce cher Michel Serres que : "appartenir à ceci" ou "être cela", ce n'est rien d'autre que des synonymes. 

Et en effet, vous aurez raison, ce ne sont rien d'autres que des synonymes.
Mais voyez-vous, afin de trouver de nouvelles idées, les philosophes aiment bien partir des mots.
Et une façon de trouver de nouvelles idées, c'est aussi de faire des distinctions.

Donc une technique infaillible, c'est de prendre deux synonymes et de dire : Attention, oulala, c'est pas du tout la même chose, il ne faut pas confondre ces deux choses là! 
(Oui, il n'y a pas que les philosophes qui utilisent cette méthode. Les politicards aussi...) 

Bon, acceptons cette distinction, pas si stupide que cela non plus.
Où veut donc en venir Michel Serres ?


Il en vient ici.
Cette distinction, si on fait l'erreur de ne pas la faire, "se double d'un crime politique : le racisme."

Il sont forts ces philosophes, ils partent d'un constat trivial et sans intérêts. Ils en déduisent la différence essentielle et fondamentale entre deux expressions synonymes. Et on arrive alors à la conclusion tant attendue : ceux qui ne sont pas d'accord avec eux sont des racistes! 

Qui a osé dire "Ben oui, mais c'est Libération aussi...". Petits intolérants que vous êtes!
Et si vous avez l'envie de continuer à lire des articles du journal, alors à ce moment là Bim! une fenêtre pop-up s'ouvre qui vous signale : 

"Libération vous offre encore 3 visites !
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 Tolérant et prospectif... cela laisse songeur.
Et puis avec leurs 3 visites gratuites, ils auraient pu ajouter : généreux et désintéressés !

Sur cette digression marketing, reprenons le cours de nos réflexions.

Donc si M.Ducon dit "Je suis M.Ducon." alors c'est un raciste, puisqu'il confond l'identité et l'appartenance.
Oui, oui, c'est un raciste, sinon il aurait dû dire "J'appartiens au groupe des M.Ducon.".


Vous en venez alors au titre de l'article :

"Qui suis-je, alors ?"

Ben oui, puisque M.Ducon n'est pas M.Ducon, qui est-il donc?
Michel Serres nous donne la réponse tant convoitée, juste à côté d'une annonce clamant "Le luxe, sans diesel. Estimez votre reprise, passez à l’Hybride Lexus."  

La réponse la voilà :
roulement de tambours 
brmbrmbrm 

"Qui suis-je, alors ? Je suis je, voilà tout "
Voilà, terminé, vous savez tout.
M.Ducon n'est pas M.Ducon, mais il est... M.Ducon.
Qui l'eut cru ?

Vous n'êtes pas Mohammed Ali, mais vous êtes... vous! waouhh! 

Cependant, Michel Serres continue.

"je suis aussi la somme de mes appartenances que je ne connaîtrai qu’à ma mort, car tout progrès consiste à entrer dans un nouveau groupe : ceux qui parlent turc, si j’apprends cette langue, ceux qui savent réparer une mobylette ou cuire les œufs durs, etc.

 Soit dit en passant, les philosophes ne savent donc pas cuire des yeux durs?[Il n'y a pas de coquille, c'est juste de l'humour pas drôle...Vous avez vu le jeu de mots, coquille, œufs durs hihihi. Et yeux alors? Heu...]

Là il nous dit que l'identité, si tant est que vous en avez une, évolue. 
Je suis bien d'accord. Il ne faut donc pas trop s'identifier à... son identité.

Un exemple typique est le suivant. 
Vous discutez avec quelqu'un qui vous contredit violemment. En général, c'est difficile de rester placide. C'est difficile de garder son calme, et vous vous mettez à défendre vos positions avec encore plus de virulence que votre adversaire.
C'est ainsi que la plupart des gens réagissent.

Mais pourquoi? Oui pourquoi réagissent-ils ainsi?
Parce qu'ils s'identifient à leurs opinions.

C'est ainsi. Le troupeau leur a appris qu'ils sont leurs pensées, leurs appartenances politiques ou religieuses.
Chaque contradiction leur apparaît alors comme une attaque personnelle.

M.Ducon lorsque un inconscient s'amuse à critiquer son partie politique

Ben oui, si M.Ducon s'identifie à son partie politique et que vous émettez la moindre critique sur ce partie - par exemple qu'il est démagogue - alors M.Ducon va s'énerver. Normal, M.Ducon s'identifie à son partie politique. M.Ducon est un bon mouton qui suit bêtement le troupeau.

De même avec les conditions sociales.
Et aussi avec les métiers.
Critiquez la façon dont fonctionne l'école devant un prof, ça ne loupera pas : il prendra la critique pour lui et s'énervera.
Parce qu'il s'identifie lui-même à sa profession.
C'est pareil pour l'immense majorité des gens, peu importe la profession.

Comme vais-réagir si vous critiquez violemment The Black Sheep le Blog dans les commentaires ? Essayez donc pour voir...  


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